"Diriger en terre inconnue"

Damien Vandorpe est Directeur Général de Pôle Santé Travail Métropole Nord. A la tête de cette association paritaire il a été confronté à la crise du Covid et l’a vécu d’une manière très particulière qu’il a bien voulu partager avec nous. Il nous a semblé intéressant de la partager à notre tour avec tous les Dirigeants en Action.

Un remarquable engagement des équipes qui a porté ses fruits

Damien : Comme la plupart, nous n’étions pas préparés au COVID et ses conséquences sur le travail. Pour autant, les équipes ont réagi très positivement, avec engagement et une vraie volonté d’être utiles. On sait que c’est dans l’adversité qu’un groupe humain se révèle et j’ai été surpris en bien.

Le COVID a mis un coup de projecteur sur la prévention primaire. Nous sommes passés de 2000 opérations de conseil en entreprise entre mars et juin 2019, à 10 000 entre mars et juin 2020.

Au final, cette période nous aura amené beaucoup de positif, en termes de fierté d’appartenance, d’unité et d’image vis-à-vis de l’extérieur.

De nouveaux outils, une organisation plus rigoureuse

Damien : Je venais de définir un nouveau cap, s’appuyant sur une modernisation des outils, notamment des outils informatiques et de communication. Les équipes ont accepté la télé-consultation, qu’elles refusaient auparavant, pour protéger les salariés suivis et se protéger elles-mêmes. La crise a permis de la mettre en œuvre, c’était impératif. Nous n’avions pas le choix. Sans la crise, il nous aurait surement fallu plus de temps pour opérer les changements nécessaires.

La COVID nous a obligé à avoir plus de rigueur, notamment en matière de traçabilité des actes. J’ai demandé de l’écrit, du reporting. On était auparavant dans un mode très oral. Le corps social a compris qu’il fallait plus de rigueur et qu’il fallait staffer l’organisation. J’ai recruté un DSI, un responsable de l’organisation. Tout le monde a perçu leur utilité à ce moment-là.

« Je suis l’ambassadeur de la structure »

Damien : J’avais rejoint cette entreprise comme DGA depuis quelques mois seulement à la suite de quoi je suis devenu DG. Cette crise a permis d’accélérer la connaissance mutuelle entre les équipes et moi. Probablement aussi de lever des préjugés de part et d’autre. Elle nous a rapprochés. J’ai le sentiment que le regard sur moi a changé parce que nous avons eu des relations de proximité forte pendant cette période et nous avons dû relever ensemble des défis.

J’ai compris que travailler dans un Service de Santé au Travail est un sacerdoce. Il faut de la conviction et de l’engagement. Ce n’est pas du tout l’image négative que certains en ont à l’extérieur. Mon rôle est de valoriser ce travail à l’intérieur et à l’extérieur. Le faire connaître. Je suis l’ambassadeur de la structure.

Savoir s’écouter et travailler ensemble

Damien : Les valeurs qui ont émergé pendant cette période, c’est une bien meilleure prise en compte de l’existence et la pertinence du rôle de l’autre. De mon côté, j’écoute mieux les besoins de chacun et je cherche à mettre en œuvre des solutions. Je pense que cela concourt à un cercle vertueux de meilleure écoute. La transparence aussi.

Nous avons aussi intensifié les relations sociales. En quelque sorte, on s’est mis en mode co-gestion.

J’ai présenté et expliqué les comptes aux représentants du personnel. C’était la première fois qu’ils avaient autant d’informations et j’ai essayé d’être pédagogue. La situation financière est solide. Cela a rassuré. La transparence des chiffres est appréciée.

J’ai veillé aussi à ce que mes promesses soient tenues et je contrôle qu’elles soient mises en œuvre effectivement. Par exemple, j’avais promis une montée en puissance des masques avec des délais. Je contrôlais l’exécution et je faisais un reporting permanent aux équipes à ce sujet. Dire la vérité, tenir au courant, c’est essentiel.

Développer un jeu et un esprit d’équipe.

 Damien : L’équipe de direction est composée de personnes talentueuses, engagées, mais qui n’avaient pas l’habitude de travailler ensemble. J’ai commencé à nous faire fonctionner davantage en équipe sur les sujets clés pour partager les enjeux et définir ensemble les actions à conduire.

C’est nouveau et c’est en train de prendre. Un véritable esprit collectif est en train de s’installer. Pour cela, j’exploite chaque situation qui se présente pour montrer l’avantage qu’il y a à se réunir et travailler ensemble plutôt qu’à dispatcher les projets autour de moi. Nous co-construisons ensemble.

 

S’appuyer sur nos atouts mais rester vigilant

Damien : Beaucoup de choses sont engagées. Le degré de confiance est élevé. Mais il nous faut continuer à être exigeant quant à l’exécution des décision prises. S’assurer qu’elles sont mises en œuvre et effectives. La traçabilité est clé. Ce qui est gagné, je pense, c’est ce qui relève de l’organisation, de l’informatique, de l’approche budgétaire nouvelle mise en place.

Le deuxième confinement est par contre une page nouvelle qui s’ouvre. Il ne faut pas se dire, on a réussi le premier confinement, on saura faire le second . C’est autre chose qui commence. Il faut rester vigilant. Comment réussir de nouveau la mobilisation, c’est le nouveau défi.

Association paritaire sans but lucratif, PÔLE SANTÉ TRAVAIL bénéficie du statut d’association de type loi 1901. Agréée par le Ministère du travail pour exercer ses missions de suivi de santé au travail, elle couvre un territoire précis : L’Audomarois, les Flandres intérieures, la Métropole Lille-Roubaix-Tourcoing et le Douaisis.