« La coopération est non seulement un moyen pour inverser la tendance du climat mais aussi une finalité en soi pour rendre les gens plus heureux. »

Nicolas Sabatier, co-fondateur de Time for the Planet

En rencontrant Nicolas Sabatier, un des co-fondateurs de Time for the Planet, Enaxion a découvert une organisation dont le sens des actions guide la gouvernance et les principes de fonctionnement.

Un fonds d’investissement à but non-lucratif qui défend la planète, l’innovation, l’open-source, l’amour et la joie, voilà un exemple intrigant pour nombre de dirigeants.

Time for the Planet est un fonds d’investissement qui se donne pour objectif de lever 1 milliard d’euros pour créer et financer 100 entreprises luttant contre le dérèglement climatique en apportant des solutions aux 20 freins majeurs à l’arrêt des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.

Il permet à chacun de devenir actionnaire du projet à partir d’1 euro et compte à ce jour plus de 20 000 actionnaires.

La thèse de Time for the Planet est que la coopération est non seulement un moyen pour inverser la tendance du climat mais aussi une finalité en soi pour rendre les gens plus heureux.

Face à l’enjeu climatique et le sentiment d’impuissance que certains peuvent ressentir, la tentation est grande de vouloir s’isoler et assurer sa propre survie. Mais pour les fondateurs de Time for the Planet, nous serons tous touchés par les mouvements engendrés par le changement climatique. Par exemple, les impacts sur l’alimentation dans les pays pauvres et les catastrophes naturelles vont créer des tensions internationales. Ces tensions mettront en danger la coopération internationale et le monde sera globalement moins stable politiquement et socialement.

Il faut donc une réponse à la hauteur du problème. Comme le dit Nicolas avec humour, reprenant une accroche publicitaire du fonds : « Pisser sous la douche, c’est drôle et c’est bien. Ça évite de gâcher une chasse d’eau potable. Mais des petits gestes du quotidien comme tous ceux dont on fait couramment la liste ne suffiront pas à répondre à l’enjeu du climat »

« Les petits gestes du quotidien ne suffiront pas à répondre à l’enjeu »

Lever le maximum de freins pour transformer les bonnes idées en réussites. 

Nicolas explique : « Time répond à la volonté d’accélérer le mouvement en repérant des innovations qui impactent la lutte contre le réchauffement climatique pour investir directement dans les entreprises qui vont les porter. »

Quatre de leurs grands principes nous ont particulièrement touchés :  

  • L’actionnariat ouvert. Pour lever un maximum de fonds il s’agit de toucher les gros investisseurs comme les porteurs à 1 euro et en faire un vrai écosystème (déjà 20 000 associés ont rejoint le fonds).
  • L’entreprise à but non lucratif. Les associés ne perçoivent aucun dividende ; seule la performance environnementale des investissements les motive.
  • Des business model solides. Les entreprises doivent être rentables et allier des compétences d’innovateurs et d’entrepreneurs dirigeants.
  • L’Open Source. Les propriétés intellectuelles des innovations sont ouvertes pour maximiser les chances de les faire réussir en cas d’échecs de nos projets.

« L’enjeu, c’est la planète, pas notre propre réussite ! »

L’organisation et la gouvernance guidées par 7 valeurs

Le fonds d’investissement est né d’une motivation d’agir pour l’Humain, pour la coopération, pour rendre le monde meilleur. Nicolas cite l’amour comme première valeur de l’entreprise : « l’amour qui fait qu’on aime les gens, qu’on aime les rencontres, qu’on aime apprendre, qu’on aime résoudre les problèmes ».

La coopération, à la fois finalité et moyen, se concrétise par une organisation qui fait toute sa place à la grande communauté des actionnaires et des experts. Les actionnaires sont regroupés en « planètes », mini-communautés viviers de ressources et compétences spécifiques qui agissent bénévolement au service du fonds, et en « comètes », relais d’équipes projets ; les experts scientifiques étudient les nombreux projets d’innovations candidats.

« On ne sait pas tout… donc on s’entoure ! La communauté des actionnaires nous a fait prendre conscience que nous devions chercher à porter ensemble une vraie valeur d’humilité. ».

« L’efficacité est pour nous aussi un maitre mot. Nous prenons tout ce qui peut permettre de faire gagner du temps… l’entrepreneuriat, c’est la mise en action ! Nous cherchons à être pragmatiques : pas de système de fonctionnement lourd, nous encourageons la prise d’initiative entre nous et au sein de la communauté des actionnaires. Nous partageons beaucoup l’info, nous communiquons tous sur Discord, nous mettons en avant la transparence et la confiance. Entre nous, nous nous ne voulons pas créer de lourdeurs et de tensions. Nos process ne sont pas écrits. Nous encourageons les initiatives au sein de la communauté qui nous soutient pour lever des fonds. Nos « gluons », ou facilitateurs d’interactions humaines, sont là pour animer les mini-communautés « planètes » … nous les encourageons à oser mettre en œuvre leurs idées, à passer à l’action. Notre rôle est de veiller à garder l’esprit, à féliciter et à encourager. »

« Pas question de tirer la tronche pendant des décennies… la joie est l’émotion qui va stimuler nos cerveaux. Pour créer la joie, nous assumons le fait de générer le maximum d’interactions humaines : générer de la créativité au service de l’action. Globalement, nous avons tous les jours des personnes qui nous disent : nous pourrions ou nous devrions faire ceci, nous pourrions faire cela… nous leur répondons que nous n’avons pas besoin de grandes idées, mais que notre plus grand besoin, c’est d’être nombreux à agir ».

Enfin, la confiance est un moteur formidable chez Time. Pour que les acteurs de Time donnent leur pleine puissance, ils doivent être alignés par le sens. Les attitudes et comportements doivent être cohérents avec la finalité. « Pour développer la confiance, nous avons toujours voulus être le plus transparent possible : nos règles de fonctionnements sont explicites, nos statuts, publics sur notre site internet, défissent la manière de contrôler les gérants, notamment par la participation de la communauté des investisseurs aux décisions en assemblée générale. Les salaires des dirigeants, actuellement bénévoles, sont encadrés pour demain. Les règles de fonctionnement sont claires pour éviter les mauvaises surprises

« Chez Time for the Planet, quoi qu’on pense ou fasse tous individuellement, on n’est pas là pour s’écharper, on est là pour construire. On y arrivera parce qu’on sait tous au fond qu’on y a intérêt, individuellement et collectivement  »